53.2 Le Beau Moniteur, Le Bomécano Et DAutres Garçons.
Lorsque je rentre de ma longue balade le long du canal, cest lheure du dîner. Maman a mis la table et papa vient de rentrer.
Nous nous mettons à table, devant la télé, papa raconte sa journée, maman la sienne. La mienne est vite relatée, elle se résume à mon immersion dans le microcosme rassurant au bord de leau.
Certes, si je me lançais à leur raconter tous les questionnements et les inquiétudes qui peuplent ma tête depuis quelques heures, il y aurait de quoi fait un bon conseil de famille
mais franchement, je préfère éviter
un souci à la fois, je me dis
Alors, pour faire diversion, je commente avec papa lénième sujet sur le prochain passage à leuro servi dans le journal télé
oui, dans quelques mois, le bon vieux franc va disparaître
linquiétude grandit au sujet de lapprovisionnement des distributeurs de billets dans la nuit du 31 au 1er
on craint la pénurie de monnaie
tout comme, il y a quelques mois, on craignait le fameux bug informatique de lan 2000 qui devait plonger la planète dans le chaos
chaque époque sa peur
Je nen reviens toujours pas que, depuis hier matin, lorsque je suis rentré en plein petit déjeuner après avoir découché, ni maman ni papa ne se sont lancés dans des questions indiscrètes
non, vraiment, je trouve bizarre quils aient gobé mon récit dun verre avec les potes du lycée qui se serait fini au petit matin dans une boite du centre-ville, le Shangay
pourquoi jai eu besoin de citer un lieu précis, et ce lieu en particulier ? Heureusement quils ignorent que le Shangay comporte plusieurs salles
et que dans lune dentre elles, il parait quon joue souvent du Mylène Farmer
A mon avis, ils doivent croire que jai une meuf
je me dis que si cest le cas, je vais laisser leur fausse croyance devenir mon alliée, tout en étant conscient quun jour, il faudra bien quils sachent
Mais je ne me sens pas encore prêt pour cela
je pense que je le serai le jour où jaurai une relation stable
me voilà rassuré de ce côté-là
avec un petit con comme Jérém, ce nest pas demain la veille que jaurai à faire mon coming out familial
ça, cest ce que je pensais
Car on a beau faire des plans pour lavenir
parfois les évènements nous prennent de court, nous obligeant à faire des grands pas, même si on ny est pas encore préparé
mais on nest jamais vraiment prêt à faire des grands pas
il faut les faire, cest tout
En attendant, je suis KO
labsence presque totale de sommeil la nuit de samedi à dimanche, passée à faire des galipettes avec les deux potes
le sommeil en pointillés de la nuit dernière, ponctué par ce rêve de fou où Jérém et Thibault en venaient aux mains, avant de se résoudre à en venir aux queues
la longue balade de laprès-midi
Bref, le lit mappelle de bonne heure.
Je tente de lire un peu, mais les yeux se ferment tout seuls
jéteins la lumière, je me glisse sous les draps
Le corps est HS mais lesprit ne cesse de se r avec les questionnements qui tournent en boucle dans ma tête depuis un peu plus de 24 heures
Comment retrouver Jérém après cette nuit ? Comment le retrouver après sa nouvelle jalousie face à un Thibault si attentionné envers moi, face à cette complicité, à cette tendresse qui se sont installées entre son pote et moi sur le fil du plaisir sensuel ?
Qua-t-il ressenti lorsquil sest rendu compte que cette nuit quil avait envisagée comme un plan cul sest transformée en tout autre chose, du moins pour Thibault et moi ?
Quelle attitude va-t-il avoir à mon égard ?
Je peux toujours rêver quil puisse prendre conscience tout seul de cette évidence
que Thibault ma apporté exactement ce que je voudrais que lui mapporte
oui, je peux toujours rêver que Jérém puisse sinspirer de la voie esquissée par son pote pour la suite de notre relation
En réalité, je crains, au contraire, que dans lavenir proche il soit encore plus dur avec moi, comme pour me punir davoir accepté de Thibault, son meilleur pote, ce que lui-même refuse de mapporter
Quant à Thibault
comment le retrouver, lui aussi, après cette nuit ? Quel regard va-t-il porter sur moi et sur mon incapacité à me faire respecter par son pote ? A quel point a-t-il été déçu par mon attitude vis-à-vis de Jérém ?
Comment retrouver le fil de notre amitié naissante après y avoir laissé rentrer cette sublime note sensuelle ?
En ajoutant du bonheur au plaisir, de la tendresse aux galipettes, ne nous sommes-nous pas engouffrés dans une voie dangereuse ?
Jai adoré coucher avec le bomécano
mais vais-je le regretter tôt ou tard ? Tout comme, parfois, je me surprends à regretter davoir envisagé, pas provoqué, mais accepté le « hors sujet » lors de la première révision avec Jérém
Bien sûr, cest lui qui mavait poussé à fouiller plutôt dans son boxer que dans le cahier de cours
il savait très bien de quoi il avait envie
tout comme, cest de son plein gré que Thibault a accepté de prendre part à nos galipettes
Pourtant, parfois je me dis quen provoquant les révisions avec Jérém et en acceptant ses « méthodes », je lui ai fait découvrir une facette de lui-même qui a bouleversé sa vie et crée un malaise persistant dans sa tête
Jérém était peut-être plus heureux quand il ne se tapait que des nénettes à tout va
Jai du mal à croire que cette nuit ne représente pour Thibault quune bonne partie de jambes en lair
qui sait quelles cordes sensibles tout cela a pu remuer dans sa tête et dans son cur
Je men voudrais si la solidité dun gars pareil devait se retrouver ébranlée à cause dune nuit de plaisir
je men voudrais davoir foutu le bordel dans la tête de Thibault comme dans celle de Jérém
Arme puissante, que le sexe
Dans le noir de ma chambre, dautres questions samoncellent dans mon esprit comme autant de nuages sombres annonçant lorage dans un ciel dété
Comment vont se retrouver les deux potes ? Quel ménage vont pouvoir faire la jalousie de Jérém et la tendresse de Thibault à mon égard ? Est-ce quils vont parler de moi ? Est-ce que Jérém va encore essayer de convaincre son pote que je ne suis quun cul à baiser ? Est-ce que Thibault va, au contraire, essayer de raisonner Jérém et de lui faire comprendre quil se comporte parfois très connement avec moi ?
Il ny a rien de pire que des histoires de cul pour faire vaciller, terrasser les amitiés les plus solides.
Que ce soit à cause de la jalousie, de la rivalité
ou, au contraire, à cause de la sensualité, de lattirance
Je pense à ce court mais si intense moment de sensualité entre eux
est-ce que leurs corps, leurs esprits se sont embrasés pour un désir souvent ressenti et jamais assouvi ?
Ou bien
est-ce que cet émoustillement prenait racine dans le souvenir de caresses, de baisers, de plaisirs déjà consommés ?
Et si ce nétait pas la première fois que leurs corps, leurs envies, leurs plaisirs se sont retrouvés si proches ?
Et encore
auront-ils eu assez de ce moment
ou bien
est-ce quils vont remettre ça, rien que tous les deux ? Surtout si lenvie devait se manifester, chez lun ou chez lautre, de tenter des expériences du style de celle amorcée à la fin de mon rêve érotique
des expériences pour lesquelles ils nauraient pas besoin de moi
celui quils ont connu dans le rôle de pd passif
En mendormant, je me surprends à repenser une fois de plus à la douceur de Thibault
à me demander pourquoi le bomécano a été aussi attentif et doux avec moi
à me demander sil ressent quelque chose pour moi
à me demander quest-ce que je ressens à mon tour pour ce mec formidable
Juste avant de mendormir, une évidence finit par me sauter aux yeux
Thibault est un garçon tellement adorable, quil ferait tomber amoureux nimporte qui, même un Détraqueur
comment ne pas être touché par un garçon si fort et si doux à la fois, par cet esprit droit et généreux
oui, Thibault est un garçon dont jaurais pu facilement tomber amoureux
si je ne létais pas à « cur perdu » de son meilleur pote
Car ce soir, dans mon lit, cest mon Jérém qui me manque
il me manque au-delà et par-dessus la folie sensuelle de lautre nuit
il me manque plus que tout, plus que personne
et ce t-shirt que je serre tout contre moi, avec le souvenir olfactif qui se dégage toujours de ses fibres, ne suffit pas pour combler ce manque
bien au contraire, il ne fait que rendre cette absence encore plus insupportable
Heureusement, le lendemain, mardi, jaurai loccasion de me distraire avec mon premier cours de conduite
Ça a été une bonne idée de passer le code pendant les vacances de février
jai pu ainsi me concentrer par la suite sur le bac, sur les révisions, toute sorte de révisions
et là, il ne me reste quà prendre mes cours de conduite, pour essayer de passer lépreuve pratique avant la rentrée
Je suis très impatient de passer cette étape, dapprendre à conduire, davoir mon permis, ma voiture
jaimerais bien pouvoir fêter mon permis en partant une semaine à la mer, comme Jérém lan dernier
jai eu quelques échos de ces vacances, de comment le bobrun sest encore tapé la moitié des nénettes du camping
cest de ces vacances quil a ramené ce brassard tatoué juste en dessous du biceps qui me fait tant deffet
Oui, jaimerais pouvoir fêter mon permis avec mes potes
mais je ne sais pas encore quand je laurai
et puis, je nai pas assez de potes pour faire ça
Oui, je suis très impatient dattaquer mes cours de conduite
le seul bémol à ma joie étant lidée de retrouver Martin
Non pas que la compagnie de Martin me soit désagréable, bien au contraire
plutôt beau, sexy, classe, charmant et charmeur le garçon
un côté cash dans la drague qui me fascine
Bref, ce mec a même tout pour me plaire
ce qui risque déjà à la base de rendre ma concentration pour la conduite
comment dire
insuffisante
Mais ce qui me pose le plus de problème ce nest pas son charisme
mais plutôt le fait de ne pas trop savoir comment le beau moniteur va être disposé à mon égard
Je repense à la soirée au KL, cette soirée au cours de laquelle il ma dragué et où nous avons failli finir la nuit chez lui
je repense à la scène de Jérém, à son chantage, au choix quil ma imposé entre Martin et lui
à mon choix de céder à son chantage
enfin, de céder à son charme surtout, et aux sentiments que je ressens pour lui, et à lespoir que mon geste représente quelque chose à ses yeux, quil se rende compte à quel point il compte pour moi
et quil se réveille enfin
Je repense à Martin quittant la scène sans demander son reste
et le malaise de lavoir laissé en plan alors quon sétait vraiment bien chauffés refait surface toujours aussi vif
Jappréhende de me retrouver seul dans la voiture avec lui, de lentendre me poser des questions, de devoir donner des explications, de me retrouver mal à laise
je redoute quil me pourrisse ou, pire, quil se moque de moi
jappréhende de foirer mes cours à cause de ce malaise
Dautre part, jai envie de le revoir pour mexcuser
jaimerai bien le garder en tant que pote
je le trouve marrant, en plus dêtre super charmant
et jai envie que mes cours de conduite se passent bien
Me voilà à tout juste quelques pas de lautoécole, je ne peux plus faire machine arrière.
Je me présente à la secrétaire.
« Nicolas
Nicolas
ah, oui
te voilà
» fait elle, la tête dans le planning « tu as cours avec
avec
avec
».
« Avec Martin
» je fais, sûr de moi.
« Ah
non
» elle me relance « cest avec Julien que tu vas faire ta conduite
».
« Vous êtes sûre ? Vous maviez présenté Martin quand jétais venu pour prendre rendez-vous
».
« Oui
ça devait être Martin mais en ce moment il est en arrêt de travail
».
« Ah mince
» je me renseigne « rien de grave ? ».
« Euh
» fait la secrétaire, lair un peu embarrassé « non, mais il ne peut pas conduire
il devrait être de retour dans quelques temps
».
« Ok
» je fais.
« Tu peux attendre dehors, Julien ne va pas tarder à revenir de son cours précèdent
il va vous prendre tous les deux, toi et Sandrine, la fille que tu as dû voir dehors
».
« Daccord
merci ».
Je suis à la fois soulagé et frustré que ce ne soit pas Martin qui me donne les cours de conduite
je me demande ce qui a bien pu le rendre inapte à la conduite
Je nai pas trop le temps de réfléchir, car la 206 blanche décorée avec les autocollants de lautoécole se gare juste devant moi, le moteur et les warnings allumés.
Deux filles en sortent
mais franchement je ne pourrais pas dire si elles étaient brunes, blondes, rousses, grandes, petites, belles, moches, avec trois bras ou avec deux têtes chacune
En revanche, dès le premier instant, dès le premier regard, je peux dire beaucoup de choses, mais alors une infinité de choses au sujet de ce Julien
Première réflexion
mais putain
décidemment, il y a des prénoms comme ça, qui semblent porter en eux une destinée
là, en loccurrence, il sagit de la « destinée bogoss »
Jai toujours eu un faible pour Julien, le coéquipier de Jérém
un petit gabarit très musclé, très vif, , marrant, déconneur, débordant de jeunesse et dénergie
bref, sexy en diable
Mais alors, ce « nouveau » Julien
comment dire
cest mon Jérém
mais en blond
Il sort de la voiture, et dès quil est debout, je peux apprécier le spécimen
grand, genre 1m85, physique élancé mais bien musclé, torse taillé en V
Son t-shirt tombe très bien sur ses épaules, met en évidence ses pecs
bref, juste la perfection
une perfection en coton qui a lair très bien remplie
Cest un t-shirt « audacieux », avec des motifs à fleurs jaune et vert sur un fond blanc
accompagné dun short marron et de baskets jaune fluo
bref, le genre de tenue que, perso, jamais je noserais
non pas que je naime pas
bien au contraire
mais il est des tenues quil faut savoir porter
il faut le physique, la dégaine, la gueule de lemploi
Puis, il y a le brushing
concept capillaire de bogoss, impeccable, cheveux coupés très courts autour de la nuque, pas mal plus long au-dessus et plaqués au gel vers larrière, tout en laissant une raie sur le côté
Plus je regarde son t-shirt, plus je me dis quil est aussi bien coupé que ses motifs sont improbables
je me dis aussi quavec ce genre de pièce, moi je serais ridicule à mourir
mais lui, non, lui il est juste sexy à mourir
évidemment, sur le dos dun canon pareil, tout va, tout va, tout va
dautant plus que son aisance, son assurance, sa décontraction lui donnent un style, une certaine classe
Un style quil complète avec une barbe claire de trois jours qui lui confère une petite touche sexy et virile
et avec de grosses lunettes de soleil « bogoss style » qui ajoutent une touche de « je me la pète un peu » qui contribuent à rendre le personnage incroyablement sexy
Jadore ses lunettes
pourtant, jai juste envie quil les enlève pour découvrir ses yeux et avoir ainsi toutes les cartes en main, y compris latout majeur quest le regard, pour juger de lampleur exacte de sa bogossitude
Mon vu va très vite être exaucé
Le bogoss approche de la fille et, avant de lui faire la bise, il dégage son regard
« Salut Sandrine » il la salue avec un grand sourire lumineux et sexy.
La fille nen est à lévidence pas à sa première leçon de conduite. Ni insensible au charme du bogoss.
« Salut, je suis Julien, ton moniteur
» il sadresse ensuite à moi, tout en me tendant la main.
« Bonjour, moi cest Nico » je réponds machinalement, encore sous le choc et déjà sous le charme
Oui, car je viens de découvrir que, derrière les lunettes, se cachait un regard vert marron magnifique, charmant au possible, dans lequel je découvre très vite un je-ne-sais-quoi de pétillant, de rieur, de très coquin
« Vas-y, Sandrine » fait il « mets-toi au volant, tu vas montrer au nouveau comment tu te débrouilles
».
Le « nouveau » se retrouve donc assis sur la banquette arrière
position qui, si on fait abstraction de linconvénient de mempêcher de mater sa jolie petite gueule, présente lénorme avantage de ne pas devoir composer avec son regard, tout en me laissant le loisir de détailler sa plastique de bel étalon à ma guise
ça me rappelle mes observations en cours
vraiment, la plastique de ce Julien côté verso me rappelle grave la plastique de Jérém côté verso
La voiture démarre mais je nai pas du tout la tête à suivre ce que Sandrine est en train de faire
je ne sais même pas dans quelle direction nous partons
jentends juste la voix du bogoss qui, entre deux indications de direction, narrête pas de la taquiner
pour le reste, je me consacre à lobservation de la bête
Premières impressions, suite aux détections rapprochées
vraiment, très très bogoss
cou, épaules, biceps, perfection plastique
nuque presque rasée qui met en évidence ses oreilles fines et sexy qui ne semblent demander quà être caressées, titillées, léchées, mordillées
Ce t-shirt qui tombe comme un gant sur son torse, sur son dos
jadore observer le col du t-shirt, coté dos, cette ligne, cette frontière où le coton sarrête et la peau se dévoile
cette ligne surmontée par une chaînette de mec
cette ligne doù le regard prend le large pour dériver vers la naissance des cheveux, vers la nuque, vers cette crinière blonde fournie
Pourquoi je ressens une envie viscérale de poser plein de bisous dans son cou, à la lisière de ses cheveux et cette chaînette qui me rend dingue ?
Cest un bonheur entier que de mater ce mec
et cest un bonheur tout aussi intense que de le sentir
Inutile de le préciser que le petit con sent incroyablement bon
son deo est frais, entêtant
cest trois heures de laprès-midi mais jai limpression quil sort de la douche
une note de deo et je me surprends à penser « douche »
et il me suffit penser douche que déjà je limagine sans peine, le corps ruisselant deau, les cheveux en bataille, retombant sur le front, lui voilant les yeux, la serviette qui essuie, couvre, dévoile
Oui, la position arrière me permet de bien le détailler
dautant plus que, étant souvent tourné vers Sandrine, je peux également apprécier son profil de mec
sa petite barbe claire et pas trop fournie, mais pourtant si sexy
Jai toujours été plutôt branché bobrun
je suis raide dingue de mon bobrun
mais alors, là jai trouvé un sacré boblond
blond, ou du moins châtain très très clair
mais une putain de bombasse ce Julien
Ce mec est exactement ce qui me fallait pour me changer les idées et ne pas me noyer dans mes réflexions, mes questionnements et mes états dâme
Je lécoute rigoler avec Sandrine, je lécoute déployer sa drague, portée par un humour qui ose tout
faire les compliments les plus improbables
faire rire la fille
jouer les bouffons, se moquer de lui-même
faire rire la fille
faire un compliment bien placé
surprendre la fille
revenir à la charge avec une blague pourrie
se faire envoyer sur les roses
sourire
jouer au mec sérieux le temps dune coupure entre deux blagues
et revenir sans cesse à la provoc, ne jamais laisser un instant de répit
aller à la limite de la goujaterie parfois, mais se rattr avec une pirouette et faire rire, encore et encore
Je me surprends à rire moi aussi de sa drague pourrie mais redoutable
car, au final, le mec arrive à être très drôle
charmant, sexy et drôle
et un mec sexy, sûr de lui, charmeur, joueur, déconneur et drôle
moi jappelle ça un mélange explosif
Sandrine a du répondant, elle est même parfois cassante, mais le mec ne se démonte pas, entre deux indications sur le parcours, il titille sans discontinuer
En lécoutant parler, je me laisse transporter par son petit accent toulousain bien marqué, très sexy, et par cette manière de rouler certains « R »... sexy à mourir...
Et toujours ce petit regard lubrique collé dans les yeux, ce sourire coquin accroché à ses lèvres...
Bref, voilà un beau jeune mâle avec à la fois une opinion certaine de son charme et un besoin inépuisable de lexercer, den admirer les effets
Tout comme mon bobrun
le même mais en boblond
le côté ténébreux en moins, un brin plus souriant, plus bavard, plus extraverti
et chaud comme la braise
Nous roulons du côté des Carmes
le soleil cogne et il fait vraiment chaud dans la voiture
mais le soleil ne fait pas tout
la température monte en flèche autour de moi lorsque le bogoss porte sa main sur son paquet, et commence à trifouiller la bête à travers le short
« Te gêne pas
» fait Sandrine, taquine.
« Je range le matos
» répond le bogoss, du tac au tac, pas gêné pour un sou.
Son regard, cest le regard dune sacrée tête à claque
un regard coquin
et même carrément un regard lubrique
ce mec transpire le sexe dans chaque geste, chaque mot, chaque sourire
« Prends ton temps
» le pique Sandrine.
« Bah, oui, il faut le temps de la manuvre pour garer du hors gabarit
».
Petit con frimeur, va
mais petit con avec un sourire denfer
Sa boutade est tellement énorme, quil est le premier à en rigoler à gorge déployée, comme pour souligner justement l'ampleur de sa connerie... on comprend que cest fait exprès, pour amuser la galerie
mais, en attendant, cest dit
il a parlé de son hors gabarit
il a lancé une énormité pour provoquer une réaction
et ce côté bouffon sexy, frimeur drôle, est tout simplement craquant
De l'insolence, de l'impertinence, du charme, de lautodérision, cocktail sournois
le tout accompagné par ce perpétuel petit sourire sexy et lubrique à mourir au coin des lèvres, par ce regard chaud comme la braise
Oui, le mec est tellement déconneur, tellement « deuxième degré ou plus » et tellement « en permanence », quau bout dun moment, on ne sait plus sur quel degré se placent ses boutades
en soufflant sans cesse le chaud et le froid, en jouant tour à tour au simplet et au malin
en jouant la carte du fanfaron, puis de lautodérision, ou bien du ridicule assumé
en testant en permanence mais jamais sur le même registre, le bogoss finit par déstabiliser
on ne sait plus si cest viande ou poisson, on est perdus, plaisamment désarçonnés
par moment, on a même l'impression qu'il se moque ouvertement... mais la réplique suivante nest jamais là où on lattendrait
car le petit con a une sacré repartie
au final, son petit jeu est si amusant et sexy qu'on finit par rentrer dedans, par en redemander, par tomber sous le charme
« Il faut du temps et des longues manuvres pour garer du hors gabarit
»
petit con, va
mais, apparemment, petit con réaliste
je surveille la manuvre du boblond avec une attention toute particulière et il me semble que le petit con est effectivement en train de remettre en place un très bon gabarit, dans une forme plutôt remarquable qui plus est
le short est en tissu souple et il me semble voir une forme moulée et raide, récalcitrante à toute tentative de contention
« Ou alors tu ne sais pas manuvrer
» finit par le doucher Sandrine.
Mais le bogoss nen perd pas pour autant le sourire fripon, le regard lubrique et la repartie.
« Cest que ça marche mieux quand cest les autres qui manuvrent
».
Jadore
jamais, il ne lâche le morceau
En tout cas, le mec a lair de bien savoir ce dont il a envie
non, à lui, au lit, je pense quil ne faut pas lui en promettre
Nous nous arrêtons à proximité du Pont Neuf et je prends le volant
nous ne sommes pas loin de la rue de Metz
pas loin de la brasserie où bosse Jérém
enfin
à cette heure-ci il doit être en pause
qui sait où il est à cet instant précis, ce quil est en train de faire
Jai beau avoir une mégabombasse juste à côté
je ressens un pincement au cur du fait de ne pas savoir quand je le reverrai, et si je le reverrai un jour
Je mets le cligno, je me jette à leau
enfin
je me jette à la circulation
Très vite, je me rends compte que lattitude de Julien à mon égard est très différente de celle à légard de Sandrine
son attitude est strictement professionnelle
le beau moniteur me donne juste les consignes de trajet, tout en continuant à blaguer avec Sandrine
eh, oui
cest quil est hétéro le beau Julien
personne nest parfait
En attendant, je ne suis pas vraiment à laise sur le siège conducteur
cest mon premier cours de conduite, je ne connais pas la voiture, je nai que très rarement touché un volant
de plus, les échanges entre Julien et Sandrine me déconcentrent
les indications de Julien arrivent parfois un peu trop tard pour le novice que je suis
Et puis, surtout
comment être à laise avec un mec aussi sexy juste à côté
qui en plus, sent tellement bon
petit con, va
On laisse Sandrine au pied de son immeuble du coté de La Grave. Me voilà seul avec Julien dans la voiture pour la suite du cours.
Je redémarre, mais labsence de Sandrine se fait sentir très vite
lambiance nest plus du tout la même
exit les blagues, les sourires charmeurs, sa vivacité, son effronterie de petit con
désormais, le bogoss se limite à me donner les consignes pour mon cours
« tu vas tourner à droite »
« tu vas tourner à gauche »
« mets le cligno, prépare toi à tourner »
« fais gaffe au vélo »
« attention les passages cloutés »
« ralentit »
« tourne large »
Mais entre deux consignes, le silence se fait vraiment embarrassant. Ce silence me stresse encore davantage que les échanges fripons de tout à lheure
et ça finit par affecter ma conduite.
« Tas jamais touché à un volant, cest ça ? » finit par me demander Julien.
« Non
» javoue « ça se voit autant ? ».
« Tinquiète ça va venir
» fait le bogoss « il faut pas stresser, ça va venir petit à petit
».
Nous arrivons à lautoécole.
« Mets les warnings
pour aujourdhui cest bon » je lentends me lancer « on se revoit vendredi ? ».
Le parfum du deo qui se dégage de sa peau est juste étourdissant.
« Ok
alors cest vous qui allez me faire toute la conduite ? » je me renseigne.
« Oui, je pense
pourquoi ? ».
« Javais vu Martin quand je métais inscrit
».
« Tu es un pote à Martin ? »
« Non
enfin
on ne peut pas dire ça
je lai vu quand je suis venu minscrire
pourquoi ? ».
« Non, rien, comme ça
à vendredi
».
Je descends de la voiture et je rentre chez moi en emportant dans mon cur et dans me tête ce petit frisson, cette fraîcheur que sait apporter la proximité, la contemplation dun bogoss
cest comme une renaissance
une sensation de profond bonheur
le contact visuel et olfactif, la proximité, le partage dun moment de la vie dun petit mec d1 mètre 85, drôle, charmeur et sexy en diable
Cest un contact à la fois frustrant et nécessaire
frustrant de devoir sarrêter à des échanges anodins, de ne pas pouvoir répondre aux milles questions qui massaillent devant un pareil bogoss
nécessaire, car en le côtoyant et, plus tard, grâce à son souvenir qui retentit en moi, jai soudainement limpression que la vie est plus belle et que les soucis disparaissent
Oui, à la fois frustrant, mais tellement bon et apaisant dassister au spectacle sans cesse renouvelé de la beauté et de la jeunesse masculines
Le lendemain, mercredi, je passe une partie de la journée avec ma cousine Elodie
elle finit à midi, on déjeune ensemble du côté de lAllée de Brienne
Voulant éviter le dossier « Jérém », directement relié au dossier « nuit de dingue avec Jérém et son pote Thibault », je lui parle de mon premier cours de conduite et du sexy moniteur Julien
Peine perdue
jai beau éviter le sujet, elle finit par lamener dans la conversation
« Tes es où avec ton sexy rugbyman ? Vous avez parlé un peu ou vous êtes encore juste caressé la nouille ? » elle me demande sans transition, au détour dune conversation anodine.
Elodie, ou lart de mettre les pieds dans le plat.
Je nai pas le courage de lui raconter que je les ai vus tous les deux pas plus tard que le week-end dernier
et que ce nétait pas exactement pour se taper la discute
Alors, pour faire diversion, tout en affrontant le sujet que, je le sais, je narriverai pas à éluder, je lui parle (succinctement) de nos galipettes après la finale
« Naaaan
je rêve
» sétonne ma cousine « après le match il avait encore assez de gnaque pour senvoyer en lair, avant de partir au barbec
mais ce mec est incroyable ! ».
Si tu savais à quel point ma cousine
si tu savais avec quelle puissance il ma baisé après la finale
si tu savais quelle nuit il ma concocté samedi dernier
Je suis à deux doigts de tout lui balancer, je prends une grande inspiration
je me dis que je vais y aller
Puis non, je nose pas
je sais quelle ne me jugerait pas
mais le fait est que trop de questions se bousculent encore dans ma tête
je pense quelle pourrait être de bon conseil, mais jai peur de me perdre entre mon récit et ses réactions
jai encore besoin de ruminer un peu tout ça, tout seul
« Et le mécano, alors
» revient-elle à la charge « tu las revu après la finale ? ».
« Non, je ne lai pas revu
» je mens alors que nos cafés arrivent avec la note du repas.
Le programme de laprès-midi sannonce compliqué.
« On se fait les boutiques
» lance Elodie toute guillerette, comme si lidée devait memballer autant quelle, comme si elle mavait annoncé quon irait à la Fnac et que Madonna serait là pour faire des dédicaces et signer des autographes.
« Mais jamais de la vie
on va crever avec cette chaleur
» je minsurge, avant de lancer ma contre-proposition « pourquoi on nirait pas à la piscine ? Elle doit être carrément saturée de bogoss à cette période
».
« Men fous des bogoss, moi jai envie de faire les soldes
» proteste-t-elle.
« Ce sera sans moi alors
» je lâche, cash.
« Tu noserais pas planter ta cousine, comme une conne
» elle tente de mamadouer.
Mais elle ne maura pas.
« Tu me connais mal
» je la défie.
« Allez, sil te plaît
dans les boutiques aussi il y a du bogoss
».
« Oui, mais il faut marcher, et faire du « sur place » pendant que tu fais ta « conasse de boutique » »
« Comment tu parles de ta meilleure cousine ? » elle feint de sindigner.
« Facile dêtre la meilleure quand on est la seule
le fait est que je te connais trop bien
je sais à quel point lair des boutiques te transforme en monstre affamé de prêt-à-porter
».
« Cest ça le problème
tu me connais trop bien
et tu as beau aimer les mecs
tu nes pas une nana
» elle rigole.
« Je te propose un deal
» je fais en saisissant une des pièces que la serveuse nous a rendu « pile, cest plouff dans la piscine, face cest la corvée rue dAlsace-Lorraine »
« Ok, je marche
».
Je lance, la pièce tombe sur le trottoir
on se penche tous les deux comme des mouches sur une
« Merde ! » jentends ma cousine lancer pendant que nos têtes se cognent.
« Tu as 30 minutes pour aller chercher ton maillot, on se retrouve à Nakache à 15 heures pile
» je jubile.
« Je te déteste, cousin
».
« Moi aussi
mais déteste-moi au pas de course, la montre tourne
».
Oui, il ny a pas meilleur remède pour oublier ses soucis que daller mater du bogoss
et, à fortiori, du bogoss en meute
le top étant du bogoss en mode amphibien
évoluant entre milieu terrestre et milieu aquatique
Ainsi, lorsquon a besoin dun petit remontant pour le moral
se rendre à la piscine municipale en plein cur du mois de juillet, paraît une décision plutôt avisée
Ce coup-ci il y a beaucoup de monde, bien plus que la dernière fois, lors de cet après-midi dil y a quelques semaines où mon brun était là aussi, cet après-midi où jai passé un moment chaud bouillant dans une cabine des vestiaires
putain, quel moment
putain quil avait été chaud
je me souviens encore de ses coups de reins
de la puissance de ses giclées
Aujourdhui, je le sais, je ne croiserai pas mon Jérém
à cette heure-ci il doit être en pause, mais jimagine quil doit se reposer
Je ne croiserai pas non plus Stéphane aujourdhui, à 1000 km de là
qui sait ce que devient cet adorable garçon
Nous nous installons dans un coin, juste à côté dun alignement de serviettes vides
Je pose mes affaires et mon attention est très vite captée par un remue-ménage assez bruyant dans leau
je regarde avec un peu plus dattention et jarrive à détecter une bande de potes en train de se baigner, de faire du raffut, de rigoler
Allongé sur ma serviette, je les regarde faire, enchanté
mes yeux ne sont pas assez grands, pas assez ouverts pour parvenir à capter toute la beauté indicible de cette scène, toute cette sexytude, bogossitude, jeunesse, insouciance, magie de ces corps ruisselants deau, brushings défaits, cheveux en bataille, de ces ptits mecs qui sont autant de cadeaux du ciel... insoutenablement beaux, indiciblement sexy...
Leur complicité, leurs jeux, leur inépuisable envie de rigoler, me font vibrer
je ressens des frissons, des papillons dans le ventre
jai envie d'hurler, tellement cette simple scène me touche
je me dis que ça, ça doit être une image du Paradis
ou, quen tout cas, il faudrait que le Paradis ressemble à ça
Je les regarde jusqu'à ce que lun après lautre ils sortent de leau
certains empruntant la petite échelle prévue à cet effet
dautres, plus exubérants, en bondissant de leau et se hissant sur le bord de la piscine à la force des biceps
On assiste à un véritable défilé de corps ruisselants deau, de shorts dégoulinant à grosses gouttes
dont certaines finissent par éclabousser mes mollets
Peu à peu, lalignement de serviettes multicolores à côté, se transforme en alignement dappétissantes plastiques de mec
Je me tourne vers ma cousine
elle se tourne vers moi
ils sont vraiment trop près pour que lon puisse se laisser aller à des commentaires « en clair »
pourtant, en une fraction de secondes, notre échange de regards exprime plus de choses que mille mots
Cest beau cet ensemble de bogoss torse nu, heureux d'être ensemble, heureux d'être potes
en les regardant, je me demande si cest normal davoir autant dimages lubriques en tête
les imaginer en train de mélanger leurs corps
imaginer le plaisir de fou qu'ils pourraient se donner ensemble
En regardant avec un peu plus dattention, je me rends compte que, parmi cette petite dizaine de mecs à peine plus âgés que moi, il ny a pas que des bogosses
certes, il y en a ; et, que ce soit pour une raison ou pour une autre, cest même la grande majorité
mais lensemble, la proximité, leffet de groupe vaut mieux que la somme
Tout comme je ne peux quitter du regard les bogoss alignés sur les serviettes, je ne peux mempêcher de tendre loreille pour essayer de capter leurs conversations
Cest ainsi que, au milieu de leurs facéties, jarrive à comprendre quil sagit dun groupe détudiants de Paul Sabatier
des petits ingénieurs
les voisins des stapsiens
Putain, que c'est beau à pleurer cette bande de potes... je voudrais pouvoir me perdre parmi eux, je me surprends à rêver dêtre enveloppé par leurs virilités, par leur jeunesse, leur fougue, leur bogossitude, leur joie de vivre...
Je rêve dappartenir à un groupe de potes
je nai jamais réussi à me fondre dans la masse
à mintégrer
à trouver ma place
ni au collège, ni au lycée
est-ce que je vais y réussir à Bordeaux ?
« Quand je pense que tu voulais machever en faisant les boutiques
» je la taquine « tu crois quon nest pas mieux là, allongés, en train de mater le bogoss ? ».
Le jeudi après-midi, je reviens me mettre au frais et au calme le long du canal
Je reprends ma longue marche au bord de leau, à lombre des platanes
la question du jour, celle qui me tourne dans la tête depuis le matin, cest de savoir comment jen suis arrivé avec mon Jérém à une telle situation de dominant/soumis, limite de méprisant/méprisé
je me demande comment jai pu laccepter tout en étant amoureux fou de lui
Et je ne parle pas de notre sexualité, où jassume parfaitement le côté macho de mon bobrun
je parle de notre relation dans sa globalité
Plus tard dans cette histoire, lorsque je repenserai à mon abnégation de lépoque, à mon aveuglement, à ma faiblesse face aux sentiments que ce petit con de Jérém minspirait
lorsque je me souviens à tout ce que jétais disposé à faire, endurer, supporter, essayer, attendre, souffrir pour ce mec
parfois je me dirais que jai été vraiment limite maso
mais surtout, très con
très con de ne pas savoir su mimposer, de ne pas être arrivé à obtenir de cette relation un iota de plus que ce que Jérém était prêt à me donner
très nul de ne pas l avoir envoyé chier lorsque la situation limposait clairement
Encore aujourdhui, tant dannées plus tard, je me dis que si javais la possibilité de monter dans une Delorean volante et de rattr le Nico de mes 18 ans, je lui mettrais des baffes
et je lui crierais à tue-tête
« Bon sang, réveille-toi ! Ne te laisse pas faire
dis-lui tes quatre vérités
il a besoin de ça
dêtre remis à sa place
à force de ne pas oser, tu rends service à personne
ni à toi, ni à lui, ni à votre relation
».
Mais en attendant, je donnerais cher pour pouvoir le revoir ne serait-ce quune fois
Déjà quatre jours depuis notre nuit et aucune nouvelle
moi non plus je nen ai pas pris
mais moi, je nose pas
quant à lui, je ne sais même pas si ça lui arrive de penser à moi en dehors des moments où nous sommes emboités
alors, attendre un signal de sa part, cest juste surréaliste
Pourtant, plus je marche, plus le sentiment de manque et de tristesse se fait sentir
tous les soirs, dans mon lit, Jérém me manque à men déchirer les tripes
et ce nest vraiment pas quun manque de sexe
jai envie dêtre à côté de lui, de sentir sa présence, sa chaleur, sa peau
Jai pensé à lui envoyer un sms
il ne répondrait pas
lappeler
quand ? comment ? quoi lui dire ?
Oui, plus je marche, plus jai envie de voir Jérém, savoir de quelle humeur il est
savoir si on se reverra un jour
Jai pensé aller prendre un verre à la brasserie, ou même juste de passer devant la terrasse, même de lautre côté de la rue
Jen crève denvie, mais je minterdis de le faire, trop peur de son regard hostile, la hantise de le saouler, de me faire jeter...
Pourtant il le faut
jen ai besoin
alors, il faut bien commencer par quelque part
dautant plus que, plus le temps passe, plus on laisse loccasion au malaise de sinstaller
Alors, au fil de mes pérégrinations sans but dans les rues de Toulouse, je me laisse plus facilement glisser vers la gare Matabiau que vers la rue de Metz
il me semble quune petite rencontre « par hasard » avec le bomécano à la sortie de son taf serait plus simple que tenter daffronter direct le bobrun
cest à ça que « servent » les « potes », nest-ce pas ?
De plus, je me dis que, en prenant part à ce moment sensuel, Thibault avait pu approcher le « cur » de ma relation avec le bobrun
je me dis quil avait dû se rendre compte de ce qui nallait pas
et quil saurait certainement mêtre de bon conseil pour faire bouger les choses avec Jérém
et, pourquoi pas, il saurait peut-être en toucher quelques mots à son pote
Enfin
si tant est que je puisse toujours compter sur son aide pour tenter dapprivoiser le bobrun
comment pourrait-il en être encore le cas si, à la suite de cette découverte sensuelle, de nouveaux sentiments devaient se dévoiler en lui ?
Oui, jappréhende de connaître son sentiment vis-à-vis de ce quil a vu, vécu, ressenti lautre nuit
jappréhende de découvrir si son attitude à mon égard a changé
Putain, quest-ce que le sexe peut créer comme malaise entre potes
Je sais que le bomécano finit à 18h00, il faut que je me dépêche si je ne veux pas le rater
je pourrais lui envoyer un message, mais je préfère aller le voir direct
Lorsque jarrive sur place, Thibault est sur le trottoir devant le garage en train de discuter avec un autre gars, un peu plus âgé que lui, un collègue de travail jimagine
ils sont en train de rigoler, de faire de grands gestes avec les bras et les mains
un troisième gars est en train de fermer le dernier rideau.
Quelques secondes plus tard, les trois garçons se serrent la main, se font la bise et repartent chacun de leur côté.
Thibault na pas fait trois pas que déjà il ma capté
jessaie de lire sur son visage ce quil ressent en me voyant
mais avant de me r lesprit, je laisse mon regard simprégner de cette image sublime dun bomécano qui débauche
Il est des mecs sur lesquels un simple bout de coton est le plus élégant des habits
cest le cas de mon pote Thibault
Quoi dire à propos de cette tenue scandaleusement, effroyablement, odieusement, épouvantablement, douloureusement sexy, ce débardeur gris avec ces deux bretelles épaisses tendues sur ses épaules, ce t-shirt sans manches qui épouse parfaitement les lignes sublimes de son torse, comme si la toile de coton avait été tissée directement sur lui, et qui souligne avec une intensité inouïe ses bras puissants et musclés, en même temps que l'échancrure elle, sublime le haut de son torse en laissant entrevoir cette pilosité naturelle que jai soudainement envie de humer, de lécher
Avec cette enivrante sensation de sentir la douceur de sa peau, d'être frappé de plein de fouet par les effluves de son probable déo de mec et de sa sueur ?
Avec toute cette série de questions déchirantes et cruelles
Dois-je regretter qu'il garde ce débardeur, en renonçant ainsi à la vision de son sublime torse velu ? Dois-je regretter de ne pas assister à limage divine du mec en train de le poser dun geste rapide et assuré pour exposer sa nudité
ou, mieux encore, l'arracher sur la vague dune puissante envie de mec ? Ou alors, au contraire, dois-je me réjouir de cette vision même si elle cache en partie, tout en laissant délicieusement deviner son torse de statue de dieu grec ?
La question ultime étant : comment résister à cette furieuse envie d'aller le lui arracher moi-même ?
Surtout lorsque le regard tombe sur cette casquette noire elle aussi, posée à lenvers sur sa tête, avec cette mèche de cheveux qui dépasse, coincée dans louverture arrière, au-dessus de la petite sangle de réglage
ou bien quand on regarde ses lunettes noires « bogoss style »
ou lorsque le regard se pose, caresse cette barbe brune et drue que je sais si douce, et qui semble encore avoir poussé par rapport à lautre nuit
ou, in fine, lorsquon laisse le regard glisses le long de ce short vert militaire tombant en-dessous de ses genoux, tout en laissant dépasser ses mollets poilus
tout comme sont poilus ses avant-bras
En une fraction de seconde, ma rétine et mon esprit simprègnent de cette image de beau garçon puissant et doux
je pose mon regard sur Thibault et cest comme lorsque, quelques années plus tard, on appuiera avec le bout du doigt sur une icône décran de smartphone
je lance lapplication « Thibault » et je revis instantanément le bonheur de mélanger mon corps au sien, mon plaisir au sien, de me sentir dans ses bras, de sentir ses bisous, de lembrasser, de mélanger nos langues, de le sentir dans mes bras, de me sentir bien
« Salut Nico ! » il me lance, tout en affichant son plus beau sourire, en me voyant traverser la rue pour le rejoindre. Un sourire capable de dissiper une très grande partie mon malaise.
Cest idiot, mais le sexe, change la perception des relations.
Le bomécano ôte ses lunettes, dévoilant ses beaux yeux qui tendent plutôt au vert aujourdhui, les accroche à son débardeur ; il se penche ensuite vers moi et me claque une bonne bise, tout comme il vient de le faire en quittant ses collègues de travail ; ça fait plaisir de voir quil se comporte avec moi exactement comme avec ses potes, même si on a couché ensemble.
Thibault a lair un peu surpris de me voir débarquer, comme sil y avait aussi de son côté un petit malaise, pourtant il a lair heureux de me retrouver.
Le contact avec cette barbe douce me fait à chaque fois un effet de dingue
« Salut Thibault
» jarrive à lui lancer à mon tour, le cur enfin un peu plus léger.
« Comment vas-tu, Nico ? ».
« Plutôt bien, et toi ? ».
« Cool
je me disais justement quil fallait que je tappelle pour prendre un verre
».
« Je marchais le long du canal, alors jai pensé passer te voir ».
« Tas bien fait ».
« On va au même endroit que la dernière fois ? » je me renseigne.
« Ecoute, Nico
si tu veux, on peut aller chez moi
jai besoin de prendre une douche, et on sera plus tranquilles
».
Je ne mattendais pas à cette proposition, je suis un peu désarçonné
mais cest fait si gentiment que je ne peux pas refuser.
Et puis, cest vrai, jai envie dêtre au calme pour discuter avec mon pote
pour me confier à lui, si loccasion devait se présenter
peut-être que lui aussi a envie de me confier des choses
et il doit se dire quil sera plus à laise dans son appart
Et aussi
lidée de savoir Thibault sous la douche chez lui, alors que je suis dans son séjour, me fait un effet certain
lidée de découvrir où il habite, son espace de vie, me plait aussi
« Ok, je te suis
».
« Viens, on y va alors » fait il en traversant la rue dun pas rapide.
« On y va à pied ? » je me renseigne.
« Non, en bus, il y a un arrêt juste là, jai des tickets, tinquiète
».
Le bus ne tarde pas à arriver. Thibault valide deux tickets et il men tend un. Le bus est bondé, alors Thibault et moi restons debout, calés contre la paroi.
Et cest là que je lai vu
assis sur ma droite, sur le premier siège. Instantanément touché, attiré par lui, comme par un aimant.
Un bobrun, musclé, charpenté
ses yeux sont bleu gris, il arbore cette coupe qui est très à la mode chez les garçons, cette coupe que jadore, les cheveux bien courts sur les côtés et plus longs sur le sommet du crâne.
Il porte une veste à capuche noire au niveau des poches et jusquau niveau des pecs, puis gris foncé au-dessus, y compris la capuche. Il a un pantalon de chantier en toile, gris foncé avec des rectangles noirs au niveau des genoux. Ses grosses chaussures montantes marron sont sales, signes dun métier très manuel. Un petit ouvrier
Plombier ? Electricien ? Maçon ? Plaquiste ? Couvreur ? Il a des écouteurs rouges aux oreilles et lit les pages sport de la Dépêche du Midi.
Mais ce qui ma frappé chez lui dès la première seconde, cest la ressemblance avec mon pote Thibault
Bien sûr, en le détaillant avec un peu plus dattention, je me rends compte que ce garçon a un petit quelque chose de différent de Thibault, cest difficile dexpliquer, mais il y a un-je-ne-sais-quoi de moins « lisse » dans le visage, quelque chose de plus « négligé » peut-être, genre baroudeur
il fait un peu moins « gentil garçon », alors que je me dis quil doit être à peine plus âgé que mon pote
Pourtant, le même gabarit, les mêmes traits, la même barbe, le même regard doux mais viril, respirant au même temps la puissance et le calme, la virilité et la douceur, la détermination et la gentillesse
tous ces éléments communs, eux ils sont bien là
et, malgré les quelques différences, la ressemblance est troublante.
Me voilà donc parti dans lhabituel délire par lequel je suis happé lorsque tout bogoss se montre
cette attraction irrésistible comme la gravitation, ou un aimant puissant, vers ces bogosses insolemment sexy, bien dans leurs corps, dégageant une force, une puissance, une énergie magnétique.
Le regarder cest bonheur, fascination et, en même temps, comme une douleur intense
mais comment mempêcher de mabreuver de leur sexytude par le regard, tout en ayant limpression que je ne pourrai jamais men rassasier suffisamment, que je ne capterai pas tout ce quil faudrait capter pendant ces instants déternité si éphémères, si brefs, si fragiles
Ils sont là devant moi, mais dans 2, 3 ou 5, peut-être 10 minutes, ce sera fini, ça sarrêtera, ils repartiront dans leur vie, cette vie qui me restera inconnue
Et du coup chercher par tous les moyens à rallonger ce temps, traîner dans un rayon, faire semblant de chercher un truc, pour rester à proximité, dans le fol espoir de réussir à capter leur regard, en même temps que davoir peur de se faire repérer. Etre assailli intérieurement de mille questions à leur sujet, qui ils sont, quel est leur nom, leur âge, ce quils portent sous le pantalon, comment ils sont une fois à poil, vouloir tout savoir deux, leur intimité, quels sont leurs fantasmes, quelles sont leurs envies, comment font-ils lamour, comment est leur visage au moment de la jouissance, auraient-ils envie de le faire avec un mec, lont-ils déjà fait peut-être, comment ce serait de baiser avec eux, de leur procurer un plaisir inédit, unique
ou, tout simplement, comment ce serait de les connaître
de les entendre dire tout simplement « Bonjour, je mappelle
» avec un beau sourire charmant, tout en me serrant la main
Oui, il suffit quun bomec se montre, et dans ma tête cest à chaque fois le même délire
« Tu fais quoi ces jours-ci ? » me demande Thibault me ramenant à la réalité.
« Je viens de commencer mes cours de conduite
».
« Tas eu ton code ? ».
« Oui, en février dernier ».
« Ça se passe bien ? ».
« Je nai fait quun cours, mardi
le fait est que je nai jamais touché à un volant
je ne suis pas sûr que je vais lavoir du premier coup
».
« Mais si
ça va venir, il faut pas stresser
».
« Facile à dire
» je commente.
« Au fait
tu sais que Jéjé a dû le passer trois fois pour lavoir ? ».
« Le code ou la conduite ? ».
« Les deux ».
« Jérém ? Cest pas possible
».
« Si
la conduite cest parce quil faisait le con à lexamen
» il mexplique.
« Et le code cest parce quil ne révisait pas assez ? » je rigole.
« Non, le code cest à cause de son problème
».
« Quel problème ? ».
« Tu sais pas ? ».
« Non
tu sais
ce nest pas le mec le plus bavard de la terre
surtout avec moi
» je commente.
« Jéjé est dyslexique
».
« Cest quoi, ça ? ».
« En gros, il a du mal à lire et à écrire
ce qui lui rend plus difficile tout apprentissage qui passe par lécrit
ça la beaucoup handicapé jusquau au collège, après il a semblé prendre le dessus
mais le code lui a posé un gros problème
il stressait, le pauvre
je crois que je ne lai vu autant stressé quune autre fois dans sa vie
cest lautre dimanche, avant la finale
».
Jérém dyslexique. Ça alors. Mon petit Jérém
ainsi, sous ses airs de cancre, se cachait un qui a du mal à apprendre. Pourquoi jai soudainement envie de courir le rejoindre où quil se trouve et de le serrer très fort dans mes bras ?
Le bus sarrête. Les portes souvrent, des passagers descendent, dautres montent. Le brun « Thibault-like » na pas bougé de son siège. Les portes se referment. Le bus repart.
Nous nous approchons de notre destination, dans pas longtemps nous allons va descendre, je vais découvrir lappartement du bomécano.
« Tu as des nouvelles de Jéjé depuis le week-end ? » je lentends me demander.
« Non, et toi ? ».
« Non plus
».
Thibault pose son regard dans le mien et son petit sourire touchant semble traduire une petite inquiétude.
La version complète de lépisode sur jerem-nico.com.
« La toute première rémunération de mon travail d'écriture, c'est vous, les lecteurs, votre présence, votre fidélité. Mais sans le temps pour écrire, Jérém&Nico n'existerait pas, n'existerait plus.
Ce temps pour écrire, tu peux me l'offrir, à hauteur de tes moyens. Pour faire continuer ce partage qui dure depuis trois ans déjà. TIPEE.COM/jerem-nico-s1. Simple, rapide, sans engagement. Merci davance. Fabien ».
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